BENOIT CESSE

Synopsis

En un mot : coup de théâtre au Vatican ! Suspense et politique-fiction.

 

Benoit, un pape très imprégné des valeurs conservatrices a décidé de se mettre à l’épreuve : ouvrir un coffret dont le contenu pourrait s’avérer profondément déstabilisant pour lui. Confiant dans la solidité de ses convictions, il passe outre les risques que cela pourrait présenter.

Mal lui en prend, car ce geste réveille des souvenirs profondément enfouis depuis des décennies. De quoi faire vaciller l’édifice dont Benoit est le maitre d’œuvre si certaines choses étaient divulguées au grand jour ! À peine se remet-il de ce choc qu’une femme au regard de braise débarque dans sa cité, insistant pour obtenir une audience.

À contrecœur, il accepte de la recevoir, mais très vite elle lui jette à la figure des vérités insoutenables de sorte qu’il ne sait plus à quel saint se vouer.  Mais aguerri par ses combats dans l’ombre, il n’hésite pas à croiser le fer avec elle pour défendre la raison d’État. Mais son adversaire est plus redoutable qu’il n’y parait. Faudra-t-il employer les grands moyens ? Benoit sortira-t-il indemne de ce combat ? Et cette femme qui semble le connaître, que lui veut-elle exactement ? Un suspens qui ne trouvera sa résolution que dans les dernières lignes du livre.

Le roman est disponible en e-book

Avis et commentaires

Extraits

Le soleil commençait à disparaître derrière les collines de la ville.

L’homme assis sur le splendide fauteuil or et grenat laissa son regard errer sur un spectacle que beaucoup de mortels lui auraient envié, mais pour l’heure, il était incapable d’en goûter le charme romantique.

À vrai dire, le cœur n’y était pas et son esprit était ailleurs.

Il était en proie à une impatience qui contrastait avec son tempérament réfléchi au point qu’il commençait à décompter les heures qu’il lui restait à attendre avant le moment où il pourrait enfin se retrouver seul.

Ce n’était, bien sûr, qu’une façon de s’exprimer : le Palais dans lequel il vivait depuis plusieurs années n’était jamais vide.

Ce dont il avait surtout besoin, c’était d’être certain de n’être dérangé par rien ni personne pour aborder le sujet sur lequel il souhaitait méditer aujourd’hui.

Et pour cela, se répéta-t-il, il fallait attendre le grand silence de la nuit.

Il se leva, fit quelque pas en direction de la grande table sur laquelle était posé un coffret à l’ancienne, c’est-à-dire, taillé dans un bois noble, très travaillé, avec des ferrures et un cadenas solide.

N’était-ce le lieu où elle se trouvait, on aurait pu croire cette boîte sortie tout droit d’un film de pirates, mais pour lui, ça n’avait rien de drôle, car à l’intérieur du coffre se trouvait l’énigme qui assaillait son esprit depuis de nombreuses journées.

Il avait, pour mettre fin à des questions restées sans réponses, décidé d’y voir plus clair cette nuit même, formule qui l’aurait fait sourire :

  1. S’il avait eu le sens de l’humour, ce qui on l’aura compris n’était pas sa qualité essentielle.
  2. S’il avait été moins préoccupé.

Il lissa le pli imaginaire qui déformait sa robe blanche et jeta un coup d’œil vers l’horizon.

Le soir était tombé.

Le temps, en ce jour de veillée,  lui parut interminable.

Il se demanda si l’éternité pouvait ressembler à ce qu’il était en train de vivre, mais il s’en voulut aussitôt de cette pensée qui faisait du hors-piste et frôlait l’irrespect, pour ne pas dire l’impiété, du moins à ses yeux.

 

La vérité, c’est que cette démarche lui avait demandé un sacré effort et disons-le, une certaine dose de courage pour se confronter à l’inconnu.

Pour tout dire, il ne se sentait pas très droit dans ses bottes.

D’abord, ça n’avait pas été simple d’en arriver là : il avait dû faire preuve d’habileté et de, pourquoi ne pas l’avouer, de ruse ou du moins d’esprit d’à-propos, pour se procurer le contenu du coffret.

Ensuite, il ignorait totalement les conséquences d’un tel acte.

À nouveau installé dans son fauteuil, il laissa sa tête s’appuyer contre le velours grenat et se souvint.

L’idée le travaillait depuis un moment, mais il ne s’expliquait pas pourquoi tout à coup, elle avait pris tant d’importance, pourquoi elle s’était installée dans son cerveau avec armes et bagages et ne voulait plus se séparer de lui, pareille en cela à une maîtresse possessive, pourrait-on dire, même si la métaphore était quelque peu scabreuse en ce qui le concernait.

En fait, le véritable déclic se produisit quelques jours plus tôt, l’amenant du même coup à saisir une occasion qui risquait de ne plus se représenter avant longtemps.

Le cardinal M., son homme de confiance était venu le trouver et lui avait demandé conseil pour la fille d’une de ses cousines, Giulietta.

L’adolescente âgée de 18 ans venait de se faire renvoyer de son école parce qu’on l’avait prise en possession d’objets contraires à la bonne conduite exigée par la direction de l’établissement.

Il avait écouté les propos embarrassés du cardinal tout en hochant la tête d’un air plein de compassion. À l’intérieur de lui, il éprouvait une certaine répulsion, mais comprit aussitôt que c’était le moment qu’il attendait.

Pour une fois, il ne tergiversa pas.

Il tapota l’épaule du cardinal et lui dit, sans réfléchir, comme si une voix s’était exprimée par sa bouche à son insu,  que pour le salut de cette jeune fille, il fallait qu’il lui apporte ce qui lui avait été confisqué (et avait été restitué, pour des raisons que l’on comprendra plus tard, à la mère de Giulietta) de manière à ce que, dorénavant, ces choses soient définitivement mises hors de sa portée et, par conséquent de toute tentation, ajouta-t-il, s’appuyant sur une fine connaissance de l’adolescence.

Il restait donc au cardinal à persuader la mère de lui remettre lesdits objets, ce qui ne devait pas poser trop de problèmes, les raisons invoquées étant toutes meilleures les unes que les autres.

Depuis, les pensées concernant cette « prise » avaient fait le siège de son cerveau au point qu’il avait eu du mal à se concentrer sur le discours de l’ambassadeur de Moldavie venu présenter ses lettres de créance.

 

Il avait senti comme une nécessité, un appel, un acte qu’il devait poser en son âme et conscience.

Quelque chose de tout à fait inédit dans son existence.

Le jour J était arrivé, comme l’avait dit avec conviction d’Eisenhower, une soixantaine d’années plus tôt.

Il contempla l’horloge murale.

Elle était loin d’indiquer l’heure H qu’il avait fixée de son propre chef pour accomplir l’acte.

Il se leva, les jambes agacées, quitta à nouveau son siège et, pris d’une subite nervosité, il se mit à arpenter la grande pièce au carrelage marbré.

À quoi bon attendre, se dit-il.